L’enseignement du français, « on va s’en occuper », promet Drainville


(Laval) Après des mois à se faire rare en entrevue, Bernard Drainville brise la glace, jeudi, en détaillant sept priorités qui le guideront pour améliorer la réussite éducative. Il promet d’abord de corriger les lacunes dans l’enseignement du français, mais ne dit pas comment. Le ministre de l’Éducation annonce aussi la création d’une nouvelle « voie rapide » afin de devenir enseignant.

Hugo Pilon-Larose

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Les enjeux sont nombreux en éducation, comme le rapportait encore La Presse ces derniers jours, alors que près de la moitié des jeunes en cinquième secondaire ont échoué dans certains centres de service scolaires à l’examen uniforme de français. Au primaire, des élèves en difficulté passent même parfois directement de la cinquième année du primaire au secondaire, tout simplement parce qu’ils avaient redoublé une année.

Dans un premier temps, Bernard Drainville – qui est présent à Laval jeudi et vendredi dans le cadre du caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec (CAQ) – promet de mettre en place « une voie rapide vers le brevet d’enseignement ». Cette option s’ajouterait à la maîtrise qualifiante de 60 crédits qui est déjà offerte dans les universités, mais qui est selon lui trop lourde et trop longue pour les étudiants qui la suivent à temps partiel.

« Il est urgent de trouver des solutions et de faire preuve de souplesse pour atténuer la pénurie d’enseignantes et d’enseignants qualifiés dans le réseau. […] Ce diplôme s’inspirera des meilleures pratiques en matière de reconnaissance des acquis. Il permettra aux titulaires d’un baccalauréat qualifiant de devenir enseignantes ou enseignants agréés et, donc, d’être légalement qualifiés », explique le ministre de l’Éducation.

M. Drainville n’est pas en mesure d’indiquer combien il manque d’enseignants dans le réseau de l’éducation. « Ce que je peux vous dire, c’est qu’il nous en manque. Est-ce que j’ai un chiffre exact ? Non. Mais je note que le nombre d’enseignants non légalement qualifiés est en forte augmentation. Aux dernières nouvelles, je pense qu’on était autour de plus de 4000 », dit-il.

« Il y a 2000 professionnels qui ont été ajoutés dans le premier mandat et l’objectif est de continuer à en ajouter », poursuit le ministre, rectifiant ensuite sa déclaration pour préciser que 2000 postes ont été affichés dans les dernières années sans qu’ils soient tous comblés en raison de la pénurie de main-d’œuvre.

Français : le statu quo « n’est pas acceptable »

En matière d’enseignement du français – une priorité qui était déjà inscrite dans la plateforme électorale de la CAQ –, Bernard Drainville ne détaille pas comment il entend s’attaquer à cet enjeu.

Dans un premier temps, le ministre déclare que « le statu quo pour l’enseignement de cette matière est inacceptable ». Il ajoute que « le français est une priorité gouvernementale » et que « le ministère [de l’Éducation] travaillera à trouver des pistes de solutions pour freiner le déclin du français écrit ».

« Je vais vous revenir avec des propositions, je dirais, plus définies, plus abouties. Mais quand je dis qu’il faut travailler sur un meilleur apprentissage, en particulier avec le français écrit, quand je dis que ce n’est pas normal que nos enfants aient tant de difficulté à écrire sans faire de fautes, ça appelle à des solutions concrètes et elles vous seront présentées le plus rapidement possible », promet-il.

Dans sa dernière plateforme électorale, la CAQ a promis de revoir « en profondeur » l’ensemble des programmes d’enseignement du français. Bernard Drainville se positionne désormais légèrement en retrait face à cette promesse, affirmant qu’elle fait partie de ses réflexions.

Valoriser les programmes particuliers

M. Drainville veut également augmenter le nombre d’écoles publiques qui offrent des programmes particuliers – comme des concentrations arts ou sports, par exemple – ce qui favorise, dit-il, la réussite éducative des élèves qui choisissent des projets qui correspondent à leurs intérêts.

« L’objectif est que tous les élèves du secondaire public puissent avoir accès à ce type de programme s’ils le souhaitent dans le plus d’écoles possible », affirme le ministre.

M. Drainville est surpris d’avoir entendu l’expression « des élèves qui sont dans rien » en effectuant l’automne dernier une tournée des écoles du Québec.

« Des élèves qui sont dans rien, quessé ça, cette affaire-là ? Il faut mettre de l’avant cette idée qu’on ait des projets particuliers de plus en plus nombreux dans toutes les écoles secondaires publiques du Québec. Au moins un projet particulier, idéalement plusieurs. Et j’aimerais qu’on développe des projets particuliers pour nos élèves à besoins particuliers. Il ne faut pas les laisser de côté dans ce plan de match », dit-il.

Plus d’argent pour rénover les écoles

Alors que le ministre des Finances, Eric Girard, présentera plus tard ce printemps le budget du Québec pour l’année 2023-2024, Bernard Drainville fait monter les attentes en annonçant que le gouvernement augmentera à nouveau le budget consacré au Plan québécois des infrastructures (PQI) pour la rénovation et la construction d’écoles.

Mais au-delà des enjeux d’infrastructures scolaires, les défis sont tout aussi nombreux à l’intérieur des classes, où il manque bien souvent des professionnels pour appuyer les enseignants avec les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage. Bernard Drainville promet d’élargir la portée des projets-pilotes d’« aides à la classe », qui permettraient « aux enseignantes d’avoir un autre adulte avec eux dans la classe pour les aider à répondre aux besoins quotidiens des élèves ».

Finalement, le ministre de l’Éducation réitère l’engagement de son parti de bonifier l’offre dans la formation professionnelle au secondaire, afin de diplômer 30 000 étudiants supplémentaires dans ce secteur au cours des quatre prochaines années. M. Drainville promet aussi d’améliorer la collecte et le partage des données à son ministère, qui n’a pas toujours un portrait clair de la situation dans son propre réseau.

« Je suis bien lucide. On ne va pas tout régler du jour au lendemain, mais il faut bien commencer quelque part », affirme-t-il.

 

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