Grutiers, serveurs, plombiers: des écoles et des entreprises craignent de manquer de personnel avec la baisse d’inscriptions dans une multitude de domaines en formation professionnelle.
Il y a environ cinq ans, le centre Pavillon-de-l’avenir à Rivière-du-Loup pouvait recevoir plus d’une centaine de candidatures pour son programme de charpenterie-menuiserie, au point d’ouvrir une liste d’attente.
Cette année, les cours commenceront la semaine prochaine avec 16 ou 17 étudiants, soit le minimum pour démarrer une cohorte, explique le directeur Benoît Ouellet.
« En plomberie-tuyauterie, on avait deux groupes par année. Là, on a un seul groupe. »
Ces métiers sont frappés de plein fouet par une baisse constante du nombre de personnes qui étudient pour obtenir un diplôme de formation professionnelle (DEP), qui certifie les futurs pâtissiers, coiffeurs et électriciens.
Selon les plus récents chiffres fournis par le ministère de l’Éducation, l’ensemble de ces programmes compte près de 8800 étudiants de moins qu’en 2014-2015.
Cercle vicieux
Comment expliquer ce déclin ? Par une baisse démographique, mais surtout par la pénurie de main-d’œuvre, qui fait en sorte que les étudiants se trouvent des emplois sans avoir à passer par les bancs d’école.
« On a juste décidé de ne pas se laisser abattre », résume M. Hogue. Par contre, sa formation ne pourrait s’appliquer ailleurs, avoue-t-il.
Plusieurs craignent ainsi que les recrues qui boudent les DEP ne créent un cercle vicieux et que certains métiers manquent de relève qualifiée dans le futur.
« On voit trop à court terme », s’inquiète Krystine Lessard, enseignante à l’École hôtelière des Laurentides.
Elle donne l’exemple d’usines qui ont fermé dans le passé sans que leurs employés puissent se replacer, n’ayant été formés que pour cette fabrique.
« On est en train de créer ça en hôtellerie », craint-elle.
D’ici les 10 prochaines années, il y aura un déficit de plus de 20 000 travailleurs sur les chantiers, estime l’Association de la construction du Québec (ACQ) dans un rapport paru cet automne.
La situation est si inquiétante que l’ACQ devait rencontrer le ministre de l’Éducation en février pour proposer des solutions.
Par exemple, pourrait-on offrir des formations à temps partiel ? demande Caroline Lemieux de la Fédération des commissions scolaires. Pourrait-on assouplir le cadre pour qu’un centre démarre une formation sans le nombre minimal d’inscrits ?
En attendant, la difficulté de remplir les salles de classe est « généralisée » à l’ensemble des régions, remarque Mme Lemieux.
« Même à Montréal et à Québec, c’est rendu difficile. »
SUITE DE L’ARTICLE ICI SUR JOURNAL DE MONTRÉAL