Grande entrevue François Plourde, PDG Cima+ GRAND donateur de notre Fondation


Entrevue avec un de nos GRANDS donateurs LE PDG DE CIMA+ (Article ICI) 

Photo Sébastien Aubert-Journaliste Jean-Philippe Décarie 

Contrairement à la plupart des firmes d’ingénierie québécoises privées qui ont été vendues au cours des 15 dernières années à des groupes étrangers à la faveur de difficultés de l’industrie et d’un mouvement de consolidation, Cima+a réussi à traverser le temps et les épreuves. Son PDG sortant, François Plourde, nous explique comment il a remis Cima+sur les rails.

Jean-Philippe Décarie

JEAN-PHILIPPE DÉCARIE  LA PRESSE

Comme bien des firmes de génie-conseil québécoises, Cima+a été ébranlée par les révélations de la commission Charbonneau lorsque sa division d’infrastructures municipales a été éclaboussée, comme celles de plusieurs de ses concurrentes, pour des malversations commises durant les années 2000 à 2009.

François Plourde, qui s’est joint en 1989 à Cima+comme ingénieur en structures, a été nommé associé dès l’année suivante et est rapidement devenu responsable de la division Transport de la firme établie à Laval. Il a été nommé PDG en 2014 à la suite du départ du fondateur Kazimir Olechnowicz.

« Il fallait réorganiser l’entreprise, qui avait fortement progressé de 2003 à 2012, pour atteindre un sommet à 2100 employés. Là, on venait d’être affectés par la commission Charbonneau, par les budgets d’austérité des provinces et par l’effondrement du secteur minier », relate le PDG.

En 2014, Cima+effectue 600 mises à pied alors que sa division d’infrastructures municipales ne compte plus que sur quelques contrats obtenus de ses bureaux en Ontario et que sa division minière, qui avait réalisé la phase 1 de la mine de fer du lac Bloom, vient de perdre cet important contrat en raison de la fermeture du site par Cliff Natural Resources.

Dès sa nomination en 2014, François Plourde démarre plusieurs chantiers en parallèle. Il s’attaque d’abord à la mise en place d’une gouvernance solide chez Cima+en rassemblant un conseil d’administration indépendant pour remplacer un comité exécutif qui n’était pas très efficace.

On s’est réhabilité auprès des autorités en réalisant un remboursement volontaire auprès des municipalités qui avaient été surfacturées. On a fait une proposition à l’Autorité des marchés financiers, qui a audité toutes nos activités durant trois ans.

François Plourde

Parallèlement, pour optimiser le potentiel de l’organisation, le nouveau PDG a entrepris de réorganiser le statut de Cima+, qui fonctionnait jusque-là comme une société en nom collectif.

« Les fondateurs avaient choisi ce modèle-là pour des raisons fiscales, mais c’était difficile de faire des acquisitions par échanges d’actions.

« Sauf que la croissance organique a des limites et devient coûteuse quand tu veux t’implanter dans de nouveaux marchés. On s’est finalement incorporé, ce qui nous a permis de faire des acquisitions dans le reste du Canada », souligne François Plourde.

Des bases solides pour l’avenir

Contrairement à d’autres sociétés de génie, Cima+a fait le choix de rester une firme d’ingénierie pure et ne s’est pas lancée dans la construction ou le partenariat d’actifs, François Plourde étant convaincu que l’entreprise pouvait passer à travers la crise.

« On avait vécu une crise semblable à la fin des années 1990 et on a pu passer au travers. On a recentré nos activités dans le transport, le bâtiment, l’énergie et les ressources ainsi que les infrastructures.

« On a réalisé des acquisitions en Ontario et dans l’Ouest canadien, principalement en Colombie-Britannique, et aujourd’hui, on a 32 bureaux au Canada, dont une vingtaine au Québec, où on est présent dans chaque ville-centre de toutes les régions », précise François Plourde.

Cima+, qui ne comptait plus que 1500 employés en 2014, en dénombre aujourd’hui 2650, dont 1900 au Québec seulement.

Comment Cima+a-t-elle fait pour passer au travers alors que ses concurrentes québécoises de taille équivalente ont à peu près toutes été absorbées ?

En effet, Tecsult a été rachetée par l’américaine Aecom, BPR est aussi passée aux mains d’une société américaine, Tetra Tech, Dessau a été absorbée par la canadienne Stantec et le Groupe S. M. a été acquis par le fonds d’investissement Thornhill Capital.

Avec le talent et la persévérance, je savais qu’on pouvait s’en sortir et même grandir. On a mis la bonne structure en place, une solide gouvernance, et on a développé une vision commune, ce qui faisait défaut dans le passé.

François Plourde

« On a beaucoup travaillé, on a beaucoup utilisé le réseau d’affaires que j’ai développé au fil des ans, en participant notamment aux conférences de l’Environmental Financial Consulting Group, qui regroupe 200 PDG de firmes de génie-conseil en Amérique du Nord », estime François Plourde.

Cima+se retrouve aujourd’hui au deuxième rang des plus importantes sociétés de génie-conseil privées au Canada, derrière le groupe Hatch.

« WSP et SNC-Lavalin sont dans une classe à part et ont des activités mondiales. Nous, on fait principalement des affaires au Québec, où on réalise 70 % de notre chiffre d’affaires, qui atteint le niveau record de 400 millions cette année, et 30 % dans le reste du Canada. On est plus une firme de niche », explique le PDG.

Après 8 années comme PDG de Cima+et 30 années au sein de l’entreprise, François Plourde quittera son poste l’été prochain lorsqu’un nouveau PDG sera nommé lors de la prochaine assemblée générale annuelle des 400 actionnaires de la firme.

« Le conseil d’administration a mis en place un comité de sélection qui choisira entre trois candidats de l’interne, soit notre chef des opérations, notre chef de la direction stratégique et notre cheffe de la direction des pratiques d’affaires », précise François Plourde.

Le PDG sortant de Cima+est convaincu que de belles années de croissance attendent l’industrie du génie alors que la démographie, les besoins d’infrastructures et les changements climatiques seront autant de vecteurs porteurs.