Source: LA PRESSE (article complet ici)
Le nombre d’élèves inscrits cet automne dans les cégeps du Québec est (encore) en baisse. Ce n’est pas normal et ça devrait tous nous préoccuper.
Il s’agit d’une baisse de 1,1 % par rapport aux chiffres obtenus à pareille date l’an dernier.
Or, selon les prévisions démographiques du ministère de l’Enseignement supérieur, les cégeps auraient dû cet automne enregistrer une hausse de 1,3 % de leur clientèle.
Pourtant, ça chute.
Et ce – il est important de le noter –, malgré une augmentation appréciable du nombre d’élèves internationaux (+ 9,6 %), qui se retrouvent à masquer en partie la diminution du nombre d’inscrits.
C’est la deuxième année d’affilée qu’il y a un écart négatif entre les inscriptions et les prévisions démographiques. Et ça inquiète la Fédération des cégeps, a indiqué son président, Bernard Tremblay, lors d’une rencontre éditoriale à La Presse.
Personne ne peut se prononcer avec une certitude absolue sur les causes de cette baisse. Mais deux hypothèses s’imposent.
Tout indique qu’on assiste, premièrement, à l’impact du choc pandémique sur les jeunes.
Plusieurs experts avaient prédit que la pandémie pousserait bon nombre de jeunes hors du réseau de l’éducation prématurément. L’avenir est hélas en train de leur donner raison.
Il y a quelques jours, des chiffres obtenus par Le Journal de Québec auprès de 44 centres de services scolaires de la province (sur 72) ont permis de confirmer l’effet néfaste de la COVID-19 et des mesures sanitaires sur le réseau scolaire. Selon ces données, le nombre de jeunes du secondaire qui ont abandonné leurs études a bondi de 30 % au cours des deux dernières années.
Ce ne sont pas les chiffres officiels du ministère de l’Éducation (qui demeure outrageusement lent à fournir des données pourtant essentielles) et ils n’offrent qu’un portrait partiel de la situation, mais on aurait tort de les prendre à la légère.
La deuxième hypothèse, c’est que le dynamisme du marché de l’emploi continue d’exercer un puissant pouvoir d’attraction sur nos jeunes.
C’était le cas avant la pandémie. Et la pénurie de personnel dans des postes qui ne nécessitent pas de formation poussée est loin de s’être résorbée. Pour nos jeunes, c’est tentant. Plus encore s’ils ont été démotivés, à l’école, par les bouleversements liés à la pandémie.
Cette tendance devrait tous nous inquiéter, parce qu’il apparaît toujours plus clair, année après année, qu’obtenir un diplôme postsecondaire est désormais un prérequis pour la large majorité des nouveaux emplois qui sont créés au Québec (environ 80 %).
À ce sujet, notons que le fait que les cégeps aient un peu plus de mal à recruter des jeunes ne peut pas être analysé isolément. Il faut aussi se souvenir que les cégeps ont encore trop de mal à persuader les jeunes qui s’y trouvent de persévérer jusqu’à l’obtention d’un diplôme.
Depuis une vingtaine d’années, seuls 64 % des cégépiens obtiennent leur diplôme au plus tard deux ans après la durée prévue de leur parcours scolaire (on parle ici de cinq ans pour une technique et de quatre ans pour un diplôme d’études collégiales [DEC] préuniversitaire). C’est trop peu.
Il y avait déjà un problème à la sortie, donc. Et voici qu’il semble y en avoir un à l’entrée.
Pour la réussite, ça devrait s’améliorer au cours des prochaines années. Depuis l’arrivée de la CAQ au pouvoir, il y a eu un chantier à ce sujet, suivi d’un plan d’action et d’investissements importants.
Les solutions sont connues. On sait désormais, par exemple, qu’il faut soutenir en particulier les cégépiens qui avaient des résultats scolaires plus faibles au secondaire. Ceux dont la moyenne générale était de moins de 70 % n’ont que 20 % de chances d’obtenir leur DEC !
Le prochain gouvernement devra veiller à ce que cette opération porte ses fruits.
Mais il lui faudra surtout déployer davantage d’efforts, très rapidement, pour mesurer l’ampleur du décrochage en cours et éviter que l’avenir d’une génération d’élèves ne soit obscurci par les ravages de la pandémie.
SOURCE: LA PRESSE (ARTICLE COMPLET ICI)